Thrènes, Jan Kochanowski, Orphée/La Différence 1992
Mon Ursule bien-aimée, où t’es-tu égarée ?
De quel côté, vers quel pays es-tu partie ?
Au plus haut des cieux as-tu été transportée,
Et au nom des angelots comptée ?
Es-tu montée au paradis ? Ou à une heureuse
Île apportée ? Charon t’emporte-t-il
Sur les tristes eaux et te fait-il boire à la source
De l’oubli, que tu ne saches rien de mes larmes ?
Ou, ayant quitté ta forme humaine et tes pensées virginales,
As-tu pris la forme et le plumage du rossignol ?
Te purifies-tu au purgatoire, si de ton enveloppe terrestre
Quelque petite tache est restée sur toi ?
Es-tu retournée après ta mort là où tu étais
Avant de naître, pour ma profonde douleur ?
Où que tu sois, si tu existes, aie pitié de ma douleur,
Et, bien que tu ne le puisses sous ta forme ancienne,
Console-moi comme tu le peux, et apparais-moi,
Rêve ou ombre, ou trompeuse apparition.
(traduit du Polonais par Alice-Catherine Carls)
Jan Kochanowski, 1530-1584