Les vestiaire des vagues, Anne-Marie Beeckman, Atelier de l’Agneau, 2001
23/01/2022
LA BLANCHE CAROLINE
songe un peu: cette chair du rossignol…
Srecko Kosovel
Le sable blanc sèche la
blanche Caroline et ses
cheveux blanchissent l’eau.
Il se fait plus de place
en moi pour l’ombre.
Sur ce versant de l’eau
des voix se sont levées.
Je cours sur la muraille.
La marée sort du puits
pour mettre bas sa laine.
Je creuse sous la lune.
Sous la table de pierre
quatre mille cadavres.
La peau s’est resserrée
un peu plus sur les os.
L’arête du poisson a
blanchi sur les arbres.
Sur l’herbe finissante,
le vent lèche mes chiens.
je berce la poupée souple et
cruelle. Blanche et lande
sont ses cheveux.
Je peigne sur son front
la génisse perdue.
Après, ses mains se tendent
sous la brume.
je bois sa bouche, crève
ses yeux, creuse son sable,
j’ai usé mon galet.