L’air cicatrise vite, Jean-Louis Giovannoni, Éditions Unes, 2019
Depuis des années, je fréquente cet endroit. J’y
déplace des pierres, fais des encoches dans les arbres.
J’ai même planté des fleurs près du muret. Le plus
souvent je m'assois et pendant une heure ou deux,
je contemple le paysage.
De mes passages rien ne subsiste. Les encoches ont
disparu est les pierres continuent leurs course.
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Un lieu qui se déduirait de nos pas.
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Tu n’arrives pas à reprendre ton souffle. Impression
que l’air partout a déjà été respiré, usé.
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Toucher, et se retirer. Inutile d’essayer d’autres
méthodes.
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Les formes aiment contenir.
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Sur le buffet e la salle à manger, elle a placé les
photo de ses morts. Chacun est cantonné dans son
cadre. Ils forment une frontière que personne ne
franchit. Un brin de muguet, sous plastique, les
accompagne - des souhaits de bonheur. Il jaunit.
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Les photos cicatrisent mal. Des taches, des scories
apparaissent à leur surface. C'est par là que les corps
disparaissent.
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Nos ongles font du bruit contre les parois.