Juste après la pluie, Thomas Vinau, Alma Éditeur, 2014

06/02/2022

Recyclage


Je me sers

d'un toboggan d'enfant

comme d'une chaise longue

Je me sers

de l'herbe haute

comme déodorant

je me sers

du ciel foutraque

comme cahier de brouillon


Le butin de nos solitudes


La petite pelote

de peaux

de poils et d'os

me reste en travers

de la gorge

je suis un hibou

qui crache

son poème

dans la poussière

du sol

et les enfants

trop seuls

gardent

ce trésor mort

dans leurs poches


Les points cardinaux


Je finis ton thé

range ton oreiller

y plonge le nez

je nettoie mon brouillard

de ta serviette humide

qui sent la chrorophylle

et la crème d'amande

j'écoute le souvenir

de ta lumière

en remontant

la piste aux trésors


Où vont les rêves


Où vont les rêves

dont on ne se souvient jamais


au même endroit

que les mains

que l'ont a lâchées


Fait divers


Nous apprenons à l'instant

le décès instantané

d'un petit matin frais

fauché en pleine course

par un quotidien trop pressé


aux dernières nouvelles

le champ des possibles

s'écoule encore de son ventre

sur la chaussée