Juste après la pluie, Thomas Vinau, Alma Éditeur, 2014
Recyclage
Je me sers
d'un toboggan d'enfant
comme d'une chaise longue
Je me sers
de l'herbe haute
comme déodorant
je me sers
du ciel foutraque
comme cahier de brouillon
Le butin de nos solitudes
La petite pelote
de peaux
de poils et d'os
me reste en travers
de la gorge
je suis un hibou
qui crache
son poème
dans la poussière
du sol
et les enfants
trop seuls
gardent
ce trésor mort
dans leurs poches
Les points cardinaux
Je finis ton thé
range ton oreiller
y plonge le nez
je nettoie mon brouillard
de ta serviette humide
qui sent la chrorophylle
et la crème d'amande
j'écoute le souvenir
de ta lumière
en remontant
la piste aux trésors
Où vont les rêves
Où vont les rêves
dont on ne se souvient jamais
au même endroit
que les mains
que l'ont a lâchées
Fait divers
Nous apprenons à l'instant
le décès instantané
d'un petit matin frais
fauché en pleine course
par un quotidien trop pressé
aux dernières nouvelles
le champ des possibles
s'écoule encore de son ventre
sur la chaussée